dimanche 18 mai 2014

Henri Rigoulot, Casablanca, l'Elorn, Jean Gabin et le débarquement en Provence...

Je suis passé sur sa tombe il y quelques mois. Sur la dalle, juste au-dessus du nom de ma grand-mère Liliane, née Doriot, est gravé celui de mon grand-père : Henri Rigoulot. Et ses dates (1922-2002).



Devant la sépulture, j'ai repensé à toutes les histoires qu'il m'avait racontées lorsque j'étais enfant. Des histoires de marins, de bateaux, de voyages à travers le monde, de batailles, de bombardements en pleine mer, de convois... et de Jean Gabin. Oui, oui, l'acteur. Celui-là même qui monta un beau jour sur le pétrolier Elorn et qui partagea le quotidien des marins du bord et plus précisément celui de mon grand-père Henri et de ses camarades.

Il me raconta aussi comment, lors du départ de Jean Gabin, on lui demanda de graver à son intention, une douille d'obus en souvenir d'un combat où les avions allemands avaient bombardé leur convoi. Il se souvenait de la poignée de main et des quelques mots de remerciement. Et puis le héros de "Quai des brumes" lui demanda s'il était de la même famille que Charles Rigoulot, célèbre athlète de l'époque qui fut l'homme le plus fort du monde. Mon grand-père répondit que non. Et pourtant, bien que né en région parisienne, sa famille était originaire de Franche-Comté et plus précisément de Raynans dans le Doubs comme certains représentants de la famille de mon grand-père Henri. Il aurait pu également préciser que Jean Gabin et lui était peut-être cousins, puisque sa grand-mère Moncorgé était née Rose Gérôme à Offemont dans l'actuel département du Territoire de Belfort à une vingtaine de kilomètres des terres des aïeux de mon grand-père.

Car s'il est né le 27 octobre 1922 (en fait le 24, mais l'officier d'état-civil avait fait une erreur) à Casablanca au Maroc où ses parents s'étaient installés, ses racines familiales sont ancrées dans le Pays de Montbéliard (Etupes, Exincourt...) par son père Edmond et en Suisse (Canton du Jura et de Soleure) par sa mère Fanny Zuber.



Engagé dans la marine durant la Seconde Guerre mondiale, il embarque le 19 avril 1943 à Casablanca sur le pétrolier Elorn (qui porte le nom d'un fleuve du Finistère). Tout au long de son engagement, il va prendre des notes et dessiner. Il rassemblera ses souvenirs dans un cahier dont voici quelques pages :






Ici avec la silhouette du navire.


















Il va alors naviguer un peu partout dans le monde : Europe, Afrique et Etats-Unis où son bateau fait partie de convois.


Au fil des pages, il décrit la vie à bord, les conditions météorologiques, les événements particuliers...
Jusqu'au 12 août 1944 à 15 h où l'Elorn quitte Naples pour le débarquement en Provence qui aura lieu le 15 août 1944.


 Voici aussi la mention spéciale pour les 7, 8 et 9 mai 1945. Ce dernier jour, l'Elorn hisse le grand pavois.


Avec sa croix de guerre avec étoile, quelques reliques de cette époque subsistent toujours : ses galons, les boutons de sa vareuse, un brin de buis passé sur le tombeau du Christ, des photos... et ce cahier que je relis parfois.


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