mercredi 16 octobre 2013

La Légion d'Honneur du sapeur-pompier

C’est une photo en noir et blanc que j’ai retrouvée dans un album appartenant à ma grand-mère maternelle. Une photo avec ce petit texte manuscrit : « En souvenir de mon parrain qui aurait été heureux d’être là », une date : « 13 - 7 – 1946 » et signé « Frédéric ».


Au départ, je ne connaissais que le personnage de droite : il s’agit du lieutenant-colonel Frédéric Curie (commandant à l’époque de la photo) des sapeurs-pompiers de Paris, oncle par alliance de Liliane ma grand-mère maternelle et beau-frère de mon arrière grand-mère Alice, puisque cet homme avait épousé sa sœur en 1928 à Lyon. Frédéric Curie était aussi le filleul de mon arrière grand-père Alfred Doriot, l’époux d’Alice, et en même temps son petit-neveu puisque fils d’Anna, la sœur de son père Charles (le chef de musique) !!!!! Un bel embrouillamini généalogique.

Frédéric Curie a été un grand résistant français. Résistant de la première heure, il a été emprisonné 15 mois par les Allemands après son arrestation en août 1940. Il fut le fondateur du seul groupe de résistance des sapeurs-pompiers de Paris : Sécurité Parisienne qui fit les beaux jours de la Libération de Paris.

Après la guerre, il fut juré militaire au procès d’Otto Abetz, l’ex ambassadeur du Reich en France. Et surtout le fondateur de l’école nationale des sapeurs-pompiers ainsi que du groupement hélicoptère de la sécurité civile dont les hélicoptères jaunes et rouges sillonnent le ciel en cas de catastrophe.

Bref : le héros de la famille.

Si bien que plusieurs publications le concernant sont nées dont la dernière écrite en collaboration et éditée par la Mairie de Paris.

Un site internet biographique a même vu le jour. J’en ai écrit les textes. Il est disponible en cliquant ici.

Pour revenir à cette photo, en zoomant un peu, on s’aperçoit que la médaille est une Légion d’Honneur. Tout à droite sur sa poitrine se trouve la médaille commémorative de 39-45 et au centre (on ne la voit pas, mais je le sais) est épinglée une croix de guerre ornée de deux palmes ainsi que la médaille de la résistance avec rosette.

Je conserve précieusement ces décorations dans une boîte un peu spéciale. Elle a été réalisée en camp de prisonniers par un autre soldat, un de ses amis d’enfance à qui il a donné, de retour en France, ces boîtes qu’il avait réalisé de ses mains.

Le décret du 7 mai 1946 le faisant chevalier de la Légion d’Honneur stipule : « Officier d'un allant et d'un cran remarquable qui a fait preuve pendant toute la durée de l'occupation du plus ardent patriotisme et d'une confiance inébranlable dans la victoire des Alliés. A entrepris, sitôt la liberté recouvrée, l'organisation de la résistance au Régiment de Sapeurs- Pompiers. Travaillant dans l'ombre, inaccessible à la crainte comme au découragement, a réussi à mettre sur pied l'effectif d'un bataillon de volontaires dont l'action, au cours des combats de la libération de Paris, a fait l'admiration de tous. Agent recruteur et actif d'un réseau de renseignements, a, par ailleurs, accompli au péril de sa vie de nombreuses missions individuelles de la plus haute importance ».


L’homme qui lui épingle la médaille n’est autre que le tout nouveau préfet de police de Paris Charles Luizet. Ce Compagnon de la Libération a demandé, le 20 août 1944 au réseau Sécurité Parisienne de prendre le commandement du régiment de sapeurs-pompiers de Paris.

Et dans le texte, on lit que Frédéric Curie aurait bien voulu avoir à ses côtés, dans ce glorieux moment, son parrain (mon arrière grand-père Alfred Doriot) qu’il affectionnait particulièrement. Seulement voilà, cet ancien combattant de 14-18, gazé durant le combat est mort d’une crise d’angine de poitrine le 26 février 1945 à 57 ans.

Encore une chose si je possède toutes les archives et objets, je lui dois aussi mon prénom...

jeudi 3 octobre 2013

La photo de Charles Doriot : en avant la fanfare !

Je n’ai que très peu de photos de la famille Plancard. Et elles ont toutes été publiées dans ce blog.

Alors, pour ce thème photographique, j’ai choisi plusieurs images tirées de la généalogie de ma famille maternelle. Originaire du Doubs et plus précisément du village d’Etupes, ces familles Rigoulot et Doriot, ont laissé une foule de clichés. Mais vous verrez dans un prochain billet que les Doriot d’Etupes, par un grandiose mystère, vont émigrer en Algérie et venir s’allier à d’autres familles qui vont, à leur tour se lier à des Plancard. Redoutable !

Pour commencer, j’ai choisi Charles Doriot. Le grand-père de ma grand-mère maternelle. Cette photo, encadré et de grand format, est accrochée au mur de mon bureau. Il est en uniforme, mais les lyres musicales ont remplacé les flammes de l’artillerie :


Pourtant, né le 14 février 1860 à Etupes, ce fils de Pierre Frédéric Doriot, aubergiste et paysan né en 1835, n’était pas prédestiné à se distinguer particulièrement. Sauf que, sa passion pour la musique se fit, chaque jour, plus dévorante.

Et c’est l’armée qui en sera le catalyseur. Engagé volontaire le 12 mars 1881, il exerce ses talents de musiciens au 5e RA. De retour dans ses foyers en 1885, il repart presque immédiatement aux USA, à Philadelphie, où il passe quelques mois chez un cousin parti quelques années plus tôt. Il traverse l’Atlantique avec un cousin et une cousine, tous nés à Etupes. Si les deux garçons vont rentrer, la jeune fille, Marie-Louise Doriot, elle, y fondera une famille dont les descendants s’intéressent à leur généalogie française… Nous y reviendrons dans un prochain billet.

Lors de son retour en France, il épouse, fin 1886 Emma Parrot qui mourra en 1895 de la fièvre typhoïde. Elle aura le temps de lui donnera deux fils : Julien décédé à un mois en août 1887 et Alfred, mon arrière grand-père né en 1888. Le portrait d’Emma (si dessous), est placé juste à côté de son mari. Là aussi, nous y reviendrons prochainement.


1886, c’est aussi pour Charles Doriot, l’année de la fondation de « SA » fanfare. La Fanfare d’Etupes, société musicale qui existe toujours et dont un membre de la famille, jusqu’à ma grand-mère Liliane (saxophoniste et pianiste émérite), était toujours présent sur les rangs.

Cette fanfare, il la voulait excellente. Il voulait qu’elle soir la meilleure. Infatigable travailleur, il forma lui-même une foule de musiciens. Dotée d’un règlement militaire (les retardataires aux répétitions devant s’acquitter d’une amende !), la société se mua en machine de guerre ! Il testa la testa d’ailleurs dans des concerts locaux avant de la faire jouer dans la cour des grands, en France comme à l’étranger.

Son heure de gloire arriva le 25 juillet 1926 à Paris où la formation rafle tous les premiers prix, dont celui de direction. On dit même dans la famille qu’elle devança à cette occasion la fanfare de la Garde Républicaine. La fanfare d’Etupes passe alors en Première Division, le Graal des formations musicales.

La formation en 1926 (Charles Doriot est assis au centre. Il tient sa baguette sur les genoux) :


Comme à chaque fois, la commune d’Etupes dressa un Arc de Triomphe aux héros en plein cœur du village. Comme ici au début du XXe siècle :


Charles Doriot, qui dirigera cette fanfare jusqu'au bout, décédera le 19 novembre 1931 et sera inhumé, ça ne s’invente pas, le jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens !

Son souvenir reste très vivace dans la famille.

En effet, pour le Centenaire de la fanfare d’Etupes, une cérémonie est organisée par ma grand-mère, autour de la tombe de Charles Doriot. C’était en 1986, une lyre de fleurs avait été installée devant la stèle, des discours, que j’ai conservés, avaient été prononcés. Mes grands-parents maternels étaient présents. Et comme c’était un mercredi, j’avais pu y assister (ci-dessous à l’extrême droite). J’avais 13 ans et je m’en souviens comme si c’était hier…

mercredi 2 octobre 2013

J’organise ma généalogie… enfin je tente d'organiser !

Classer, ranger, répertorier… ça n’a jamais été mon truc.

Autant le dire tout suite : je n’ai jamais été un garçon très organisé ! J’aime voir les livres vivre leur vie empilés maladroitement au gré de mes lectures (et Dieu sait qu’elle sont nombreuses), les dossiers former des strates archéologiques sur mon bureau et les voyages si bien préparés se transformer au fil de mes envies et loin des itinéraires bien tracés.

J’entends encore ma mère me répéter, deux phrases devenues mythiques, tout au long de mon enfance et de mon adolescence : « Mais range ! » et « Trie et jette, ça fera de la place ! ».

Pour la seconde injonction, ce fut une autre chose. J’ai toujours eu une très grande réticence, pour une pas dire répugnance, à jeter des documents. Et souvent, bien m’en a pris. J’ai toujours essayé de comprendre comment rattacher un document aussi insignifiant soit-il à une personne ou à lieu lié à mes ancêtres. J’en ai acquis depuis lors une solide réputation de « conservateur » liée à la réalisation de ma généalogie mais aussi aux études d’Histoire que j’ai entreprises sitôt mon bac en poche. Si bien qu’à l’heure actuelle, on me demande toujours avant de la mettre à la benne, si telle ou telle chose m’intéresse ou s’il faut la garder ! Rôle que j’assume pleinement.

Avec la généalogie, bien sûr, le classement c’est une autre histoire. La désorganisation y provoque le chaos et le mélange des générations. À bien y réfléchir, c’est cette science auxiliaire de l’Histoire qui m’a fait, pour la première fois, tenter un véritable classement.

Je m’en souviens comme si c’était hier : une visite à la mairie de Vandoncourt, petit village du Doubs niché dans le Pays de Montbéliard. Je devais avoir 17 ans et j’étais revenu en quelques heures, avec une série de photocopies d’actes de naissance, mariage et décès dont celui de la grand-mère de l’une des mes arrière grands-mères du côté maternel. Je les ai toujours (normal je ne jette rien !)

La question s’est vite posée de la conservation de ces précieux documents. J’ai acheté une sacoche et un « trieur ». L’aventure pouvait continuer.

Aujourd’hui, « mes archives » s’enrichissent chaque jour un peu plus et tiennent surtout beaucoup plus de place qu’autrefois. Une étagère complète de mon bureau y est consacrée et d’autres dans une pièce aménagée au sous-sol. Les boîtes archives s’alignent par thème. Il est loin le temps du fouillis.


Le bureau sur lequel je travaille est récent, mais mes ancêtres sont accrochés au mur et me regarde pianoter sur l’ordinateur, dont cette Louise Catherine Peugeot dont j’ai obtenu l’acte de naissance il y a bien longtemps. Le siège sur lequel je suis assis est celui d’un parent mort il y a plus d’un demi-siècle. Tout comme l’armoire de ma chambre, construite il y a près de 150 ans pour un aïeul…

Au jour le jour, j’ai opté pour un célèbre carnet recouvert de moleskine. A chaque fois que j’en termine un, j’en rachète un autre avec une couverture de couleur différente. Sur mon ordinateur, à part un logiciel de généalogie, j’ai opté pour Evernote qui se synchronise avec l’appli présente sur mon Smartphone. Un vrai bonheur quand on est organisé !