mercredi 10 juillet 2013

Mariage d'hiver

En attendant de découvrir les lieux liés à mes ancêtres Plancard dans la chaleur de la Cité et de la Bastide Saint-Louis de Carcassonne, voici une photo de mariage rafraîchissante. Prise en hiver, la neige recouvre encore partiellement le sol...

Voilà une belle photo de mariage. Une touche de sépia. Un comité restreint. Queues-de-pie et robes de soie. Des absences. Et une pointe de hasard qui fait toute la différence.

Allez, autant le dire tout de suite, cette photo relate le mariage d’une des sœurs de l’une de mes arrière-grands-mères maternelles et plus précisément la mère de ma grand-mère maternelle Liliane Doriot épouse Rigoulot.


Les jeunes mariés au centre sont Jeanne Graff née le 30 septembre 1900 à Beaucourt, ville du territoire de Belfort alors dans le département du Haut-Rhin et d’Anselme Martin, industriel du biscuit aux Salins-du-Midi. L’union eut lieu à Montbéliard le samedi 7 février 1922. Le repas se déroula à l’Hôtel de Mulhouse, institution de la Cité des Princes. Situé juste en face de la gare, l’établissement appartenait aux parents de la jeune mariée puis fut tenu par mon arrière-grand-mère Alice Graff (assise à l’extrême droite de la photo) et son époux Alfred Doriot (debout à l’extrême gauche), le couple s’est marié le samedi 9 mars 1918 à Montbéliard.

A côté de mon arrière-grand-mère est assise sa sœur Hélène (née le 17 avril 1903 à Vandoncourt (25)) qui épousera six ans plus tard à Lyon, Frédéric Curie. Une figure que celui-ci. Filleul d’Alfred Doriot, il passe, en 1922 (l’année du mariage) son brevet élémentaire à Besançon. Il deviendra instituteur mais s’engagera dans l’armée. Il mourut à 50 ans à Paris en 1956. Lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Paris, il fut résistant de la première heure. Emprisonné par les Allemands, il fonda le seul groupe de résistance au sein du Régiment. Et au sortir de la guerre, il fonda le groupement hélicoptère de la Sécurité-Civile qui existe toujours.

Je ne connais pas l’identité de la personne assise à l’extrême gauche. Mais la jeune femme assise à côté, est une autre sœur : Margueritte Graff née le 21 août 1898 à Beaucourt. Elle est mariée avec l’homme debout à côté de mon arrière-grand-père : Robert Bach.
Les autres personnes me sont inconnues. Alors, qui sont les absents ? Le frère de ces quatre sœurs d’abord : Georges Maurice Graff, né le 8 juin 1892 à Beaucourt. Alors canonnier au 114e Régiment d’Artillerie Lourde, il fut fauché par l’explosion d’un obus le 24 février 1916 à Béthelainville, un petit village de la Meuse à une encablure de Verdun. Secteur où la bataille commençait à faire rage. En 1922, son corps, enterré dans ce bourg lorrain, avait déjà été rapatrié dans la tombe familiale à Montbéliard où il repose toujours. Alice, mon arrière-grand-mère avait une correspondance aussi prolifique que le permettaient les aléas de la guerre. Elle lui parlait d’ailleurs de son futur mari qui lui reviendra de la terrible boucherie.

Manque aussi la mère de la mariée : Marie Virginie Amstutz épouse Graff née à Vandoncourt le 30 mai 1871. Sa mère Louise Peugeot est l’une des descendante de la famille qui donnera naissance à la marque automobile. Marie Virginie épousera Maurice Georges Graff né lui aussi à Vandoncourt et descendant d’une famille alsacienne de Seppois-le-Bas qui a opté pour la France. Marie Virginie ne survivra pas à la nouvelle de la mort de son fils. Elle décèdera le 20 janvier 1918 à Montbéliard.

Manque aussi le père, Maurice Graff, immortalisé dans un jardin potager dans un film familial des années 1930, seule image animée de lui et oh ! combien émouvante de cet homme né en 1871 et mort en 1946. Son absence est étrange, voire troublante.

Au-delà des manques, il y a le heureux hasard d’une présence. La présence de ma grand-mère bébé tenue par je ne sais qui et qui pose son regard bleu sur la scène à travers une fenêtre à l’arrière-plan. Née le 17 février 1921, elle n’a pas encore soufflé sa première bougie.