mercredi 7 juillet 2010

François Plancard, serrurier et fondeur



Si au retour de ses années de campagnes militaires à travers l’Europe, Jean Plancard (1774-1825) reprend un métier lié au textile, aucun de ses enfants n’entrera véritablement dans cette branche qui devient de plus en plus précaire au fur et à mesure qu’on entre dans le XIXe siècle. Si certains de ses enfants débutent comme pareurs de draps, jamais ils ne poursuivront bien longtemps. C’est le cas de Pierre (1804-1857) qui deviendra serrurier et surtout de François (1819-1909) qui embrasse la même profession sur lequel nous nous pencherons à travers plusieurs billet tant son histoire est longue et riche. Tellement longue et riche que plusieurs publications font état de son histoire et qu’à l’heure actuelle, un chercheur de l’Université de Toulouse travaille, entre autre, sur lui et sa famille, c'est-à-dire la notre.
François Plancard est l’avant avant-dernier fils de Jean Plancard et d’Antoinette Bac. Né le 29 novembre 1819 à Carcassonne, l’homme ressemble à ses frères comme le montre sa fiche de recensement militaire : petit (1,59 m) et les cheveux noirs. Mais lui, ne va pas s’engager, il va même être exempté puisqu’il est dit « Frère d’un militaire en service », c'est-à-dire Gabriel.
François ne va pas s’engager dans la voie de son père Jean. Il laisse le textile de côté et prend la voie de la serrurerie, métier qu’il faut comprendre comme celui du travail du fer au sens large. Une formation qu’il acquiert visiblement sur le tas.
En juillet 1842, il épouse Jeanne Brezet née à Argens-Minervois et tisseuse de laine de profession. Le couple aura quatre garçons dont nous reparlerons.
Contrairement à la normale, ce n’est pas au début de sa carrière, mais à la fin, que François va changer d’orientation et ce, à la faveur de deux événements. Le premier, c’est le décès de Pierre Blechemit en 1875, une famille originaire du Creusot dont une branche vient installer une fonderie à Carcassonne (les informations concernant les Plancard, industriels carcassonnais, sont tirées de l’excellent article de Pierre et Annick Fafeur, une autre grande famille de fondeurs de la ville, intiutlé « La mécanique carcassonnaise au XIXe siècle », un article que l’on peut retrouver dans le Bulletin de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, Tome XCVI, 1996).
Deux années après le décès de Pierre Blechemit, une partie de la fonderie est à vendre et c’est François Plancard, 58 ans, qui la rachète en empruntant 8.000 Francs et 18.000 pour acquérir un terrain de 625 m2 Allée d’Iéna en 1878 sur lequel il installe son entreprise. La seconde raison, c’est le développement fulgurant de la viticulture audoise et la mécanisation de ce travail.
Dans les Actes du LVIIe congrès de la fédération historique du Languedoc-Roussillon (Béziers, 1984), Claude Marquié estime que François Plancard disposait en 1885 « d’un fourneau pour le cuivre, d’un cubilot pour la fonte et d’une machine à vapeur de 14 CV ». Ce qui tend à prouver, souligne les époux Fafeur : « Qu’il avait assez bien réussi son projet ».
Une publicité (l'illustration de ce billet est une publicité plus tardive tirée de la même source), parue dans l’Annuaire de l’Aude de 1878 mentionne les possibilités de l’entreprise : « Construction et réparation de machines à vapeur et mécanisme en tout genre. Pièces de toutes sortes, avec ou sans modèle. Transmission de mouvements et moteurs hydrauliques. Dépôt de fontes ornées. Spécialité de pompes, fouloirs et pressoirs à vin. Fournitures de cave en tous genres. Grues de toutes formes et dimensions. Robinets, boîtes à clapets. Tuyaux et accessoires ». Mais il fera aussi bien d’autres choses comme « la fourniture de gargouilles en 1881 et d’une machine à hélice pour mouler les briques en 1884 » (In article Fafeur).
L’histoire ne s’arrête bien évidemment pas là. La suite au prochain billet…