dimanche 28 mars 2010

Gabriel Plancard, le fondateur de la branche en Algérie


Celui-ci me tient particulièrement à cœur. Que d’années je l’ai cherché. Il a hanté mes jours. A croire qu’avant l’Algérie, la famille Plancard n’existait pas ! Et puis tout à coup, c’est lui qui m’a ouvert la voie des Plancard de Carcassonne. Mais je ne connais pas encore tous les détails de son histoire, loin s’en faut. Il me tient à cœur aussi, car son prénom va devenir récurrent pour les garçons de cette branche jusqu’au milieu du XXe siècle. Le dernier étant mon père né en 1943.
Si son frère Jean ne fait que combattre en Algérie et que Guillaume y meurt. Gabriel, lui, va s’y établir définitivement. Né à Carcassonne le 10 juillet 1812, il devance le recensement et s’engage (ça devient une tradition) au 20e Régiment d’Infanterie de Ligne le 10 mars 1832. Il prête serment lui aussi de « servir le Roi (Louis-Philippe Ier) avec honneur et fidélité. De son parcours dans l’armée on ne sait rien sinon quelques détails physiques : consignés dans sa fiche militaire. Il mesure 1,60 m, il a les cheveux noirs, le front bas, les yeux gris, le nez épaté, la bouche moyenne, le menton rond et le visage ovale, il a le teint brun et une cicatrice au front.
Impossible également de retrouver son acte de mariage avec Thérèse Joséphine Pierrot, une Parisienne née vers 1826 qui selon la rumeur, aurait été cantinière dans son régiment. Où a lieu l’union : pas à Carcassonne en tout cas et visiblement pas en Algérie, les archives n’en portent mention. Peut-être à Paris, mais l’état-civil ayant totalement brûlé pendant la Commune et ayant été reconstitué a posteriori, il est très lacunaire.
Le premier enfant du couple (qui en aura cinq) naît le 12 décembre 1849, il se prénomme Jean-Pierre Félix et naît à Koléa en Algérie (il aura, lui aussi un parcours militaire assez étonnant).
A cette époque, Gabriel Plancard a quitté l’armée et exerce la profession de Garde Forestier à Joinville, un écart de Blida, où il occupe une maison forestière. Il occupe un poste qui est sans doute un emploi réservé aux anciens militaires, puisqu’il exerce son métier sur les terres du prince de Joinville, l’un des fils de Louis-Philipe.
Gabriel Plancard décèdera le 29 juillet 1856 à Blida à l’âge de 44 ans.
Son épouse, née Thérèse Joséphine Pierrot, lui survivra en quelques années et décèdera à 47 ans le 7 juin 1873. La encore, la difficulté a été de retrouver son acte de décès. Ce n’est qu’en consultant l’acte de mariage de l’une de ses filles, Marie-Eugénie Sabine que l’on apprend que son décès a été enregistré au nom de Pierron et non à celui de Pierrot.
Née à Paris, elle exerce la profession de « repasseuse » et a, après la mort de Gabriel Plancard, une histoire assez particulière.
En effet, dans les archives, on s’aperçoit aussi qu’en 1871, le 12 juin (elle a 44 ans), elle donne naissance à une fille prénommée Félicie Joséphine. L’acte stipule qu’elle habite rue de l’Orangerie et que le père est dit « Inconnu ». La déclaration est faite par la sage-femme qui lit-on « a assisté à l’accouchement ». Il faut, là encore, lire l’acte de mariage de sa fille dans lequel le couple souhaite reconnaître plusieurs enfants, dont Félicie Joséphine qui n’est donc pas la fille de Thérèse Joséphine Pierrot. Cette dernière a décidé de la reconnaître et par là d’être à l’origine d’un faux en complicité avec la sage-femme (ce qui est relativement rare dans les archives), pour une pure question de convenance : Marie-Eugénie Sabine est mineure (17 ans) et non mariée au moment où elle accouche. Une chose particulièrement mal vue à l’époque.
Le prochain billet sera consacré à une partie de la carrière militaire de Jean Plancard, suite aux recherches effectuées aux Service Historique de la Défense.

mardi 16 mars 2010

Guillaume Plancard, militaire en Algérie


Finalement, on ne sait pas grand-chose de cet homme, mort à 30 ans dans des conditions tragiques en Algérie. Sinon ce que nous disent les documents administratifs qui ne laissent rien percer de l’atmosphère.
Il est né à Carcassonne le 23 mai 1815 de Jean et Antoinette Plancard dont il est le 9e enfant. Engagé volontaire, comme ses frères au 20e Régiment d’Infanterie de Ligne, il est incorporé le 12 mai 1839 et part pour l’Algérie. Au moment où il entre dans l’armée, il mesure 1,615 m et exerce la profession de forgeron. (Illustration : extrait du registre conservé aux Archives Départementales de l’Aude).
Visiblement très forte tête, il est transféré dans une formation disciplinaire. En effet, ces formations ont pour but d’accueillir des soldats dont l’indiscipline réitérée n’a pu être corrigée par les punitions habituelles de l’Armée.
Une lourde procédure est à la base de l’envoi des récalcitrants dans ces bataillons disciplinaires.
Gageons que les travaux effectués par ces hommes devaient être éprouvants et effectués dans des conditions particulièrement harassantes. Toujours est-il que Guillaume Plancard finit ses jours seul à l’hôpital militaire d’El Arrouch, en plein été, le 10 août 1845. El Arrouch est situé au Nord-Est de l’Algérie à quelques kilomètres de Philippeville (aujourd’hui Skikda).
Voici ce que dit son acte de décès, retranscrit sur les registres de Carcassonne : « Extrait mortuaire – Commune d’El Arrouch – Armée d’Afrique – Hôpital militaire d’El Arrouch. Du registre des décès dudit hôpital a été extrait ce qui suit. Le sieur Plancard Guillaume, fusilier à 5e compagnie de fusiliers de discipline (…) est entré au dit hôpital le sept du mois d’août de l’an 1845 et y est décédé le dix du mois d’août de l’an 1845 à quatre heures du soir par suite de fièvre intermittente pernicieuse ». Célibataire, cet homme n’a pas eu de descendance. Son corps n’a jamais été rapatrié à Carcassonne.

mercredi 10 mars 2010

Les Plancard, une famille de militaires


C’est en tout cas le constat que l’on peut faire en consultant les documents conservés aux Archives départementales de l’Aude à Carcassonne.
A commencer par le père : Jean Plancard(1774-1825) dont on voit sur l’illustration la signature. Si son parcours sous les drapeaux devrait être mieux connu dans quelques mois (un dossier à son nom est conservé aux Archives militaires), on sait, pas son acte de décès qu’il était militaire avant d’embrasser une profession liée au textile.
Pensionné, il touche chaque année un pécule. Tout est inscrit sur des registres : il est « fusilier » autrement dit fantassin, et empoche annuellement la somme de 172,5 francs qui, sans être une fortune, est assez rondelette pour l’époque. Elle a permis sans doute, au couple et à leurs enfants, d’améliorer l’ordinaire et de s’élever dans la hiérarchie sociale. Leurs enfants et petits-enfants, occuperont en effet des emplois sortant de l’ordinaire. Nous y reviendrons.
Le régiment dans lequel il servait n’est pas encore connu, mais gageons qu’il s’agissait du 20e Régiment d’Infanterie de Ligne (dans lequel s’engageront trois de ses six fils vivants). Jean Plancard est sans doute devenu militaire en 1793. D’abord, c’est l’année de la mort de son père qui coïncide avec la Levée en Masse. En effet, à cette date, la Convention Nationale décide d’enrôler 300.000 hommes. Des listes sont conservées aux archives de l’Aude mais le nom de Jean Plancard n’y figure pas. Ce qui ne veut rien dire puisque ces sources sont lacunaires.
Il est donc sans doute alors ce que l’on appelle un « Soldat de l’An II », il pourrait donc avoir participé aux guerres et aux batailles révolutionnaires. Son histoire sera mieux connue d’ici peu.
Pour trois de ses fils : Antoine né en 1802 et Pierre né en 1803 et François né en 1819 (exempté car ayant un frère sous les drapeaux), pas de trace (pour l’instant) d’un quelconque parcours militaire. Il n’en n’est pas de même pour Jean né en 1809, Gabriel né en 1812 et Guillaume né en 1815 qui aura une fin tragique.
Nous ne traiterons dans ce billet que du cas de Jean. Né le 17 janvier 1809, il s’engage pour huit ans au 20e Régiment d’Infanterie de Ligne le 20 avril 1830 après avoir promis « de servir le Roi (Charles X) avec fidélité et honneur ». Ce régiment, sera celui qui, la même année débarquera à Sidi Ferruch lors de la conquête de l’Algérie et participera à la prise d’Alger.
Sa fiche donne quelques détails physiques : il mesure 1,655 m, il a les cheveux châtains et crépus, les yeux gris, le nez court, la bouche grande, le menton rond et le visage ovale.
Sur l’acte de mariage de Jean Plancard, fils de Jean, daté du 29 janvier 1838 avec Antoinette Maillabian (21 ans), il exerce la profession de Sergent dans ledit régiment et est dit « en congé illimité » puisqu’il vient de terminer ses huit années d’engagement. Il ne terminera pas sa carrière dans l’armée et décèdera dans son lit le 25 janvier 1867 à Carcassonne à l’âge de 58 ans. Entre temps il aura épousé, Anne Canis, une tisserande de 43 ans en 1852. Sur cet acte, il est dit « pareur de drap ». Jean n’aura pas de descendance.
Ces engagements dans l’armée montre aussi une chose : le déclin de l’activité textile de Carcassonne, qui au milieu du XIXe siècle connaît une crise et pousse ses habitants soit à trouver du travail dans d’autres secteurs soit à obtenir des revenus complémentaires.
Voilà pour le premier des frères Plancard devenus militaires. Le prochain billet concernera Guillaume (1815-1845) et le suivant Gabriel (1812-1856).

mercredi 3 mars 2010

Jean Plancard et Antoinette Bac


Il faut bien débuter quelque part l’histoire des Plancard. Les recherches permettront peut-être de remonter un peu plus haut dans le temps, mais pour l’heure, ce couple tiendra lieu de point de départ. Son histoire est aussi l’histoire d’une lente ascension sociale des lices de la Cité de Carcassonne au centre-ville.
Jean Plancard est né à la Cité, quartier très populaire à l’époque le dimanche 20 février 1774 « à huit heures du soir » souligne le curé qui le baptisa le lendemain. Son père, prénommé Jean comme lui, signe l’acte « Jean Plancart » avec un « t » (l’orthographe des noms étant encore parfois aléatoire et phonétique). Ce dernier est né en 1736 à Carcassonne (il y décèdera le 25 février 1793) et exerce la profession d’embriseur, une profession liée au textile qui fait les grandes heures de la ville de Carcassonne. Sur sa mère, Marie Oulive (ou Olive), on ne sait rien pour l’instant.
En 1774, Jean Plancard, est sans doute le premier enfant du couple. Naîtra ensuite ses frère et sœurs Jean-Baptiste en 1777, Jeanne-Marie en 1780 (elle décèdera en 1783) et Guillaumette en 1795.
Antoinette Bac, elle, voit le jour le jeudi 7 juin 1781 à Carcassonne de Jean Bac, tisserand et de Marguerite Artiger, tisserande. Le couple aura aussi Pierre, né en 1780.
Jean Plancard, 27 ans et Antoinette Bac, 20 ans, se marient le 29 nivôse An X, soit le lundi 28 décembre 1801 à Carcassonne alors qu’Antoinette est enceinte d’environ trois mois, puisqu’elle donnera naissance à son premier enfant, Antoine Plancard, le 23 prairial An X (17 juin 1802). Cet acte de naissance, conservé aux archives départementales de l’Aude, nous donne de précieux renseignements. D’abord que le couple est domicilié à la Cité de Carcassonne et que Jean Plancard est pareur de draps, mais aussi qu’il ne sait pas signer. Au fil des naissances du couple (jusqu’en 1823), on peut constater (ce qui donnera lieu à un prochain billet) que le couple ne reste pas à la Cité mais atteint le centre-ville rapidement, signe d’une plus grande aisance. En outre, Jean Plancard, finit par signer, d’une façon malhabile, les actes de naissance de ses enfants à partir de 1810. Ils auront 13 enfants dont six mourront en bas âge.
Quand Antoinette décède, le lundi 22 août 1853 à l’âge de 72 ans, elle est dite « ravaudeuse » et habite le 1 rue de la Mairie, en plein centre de la ville. A cette date, Jean Plancard est mort depuis plus de 25 ans, le lundi 6 juin 1825 à 51 ans. Si l’on se rend compte dans cet acte que le couple habite déjà rue de la Mairie à cette époque, on apprend une chose plus intéressante encore : Jean Plancard, outre son métier de pareur de draps, est dit aussi : « militaire retraité ». Un fait capital dans l’histoire de la famille et qui sera développé dans un prochain billet.