mardi 4 mai 2010

13 floréal An VIII : Jean Plancard à la bataille d’Engen


Dans le dernier billet, nous avons vu comment Jean Plancard (1774-1825), Soldat de l’An I, s’est engagé dans les Volontaires Nationaux du Bataillon de l’Aude. Comment, dès 1793, il participe avec l’armée des Pyrénées Orientales aux guerres du Roussillon et comment de 1796 à 1797, avec la 4e Demi-Brigade d’Infanterie de Ligne, il met son fusil au service de la Première campagne d’Italie. (En illustration : une figurine d’un vétéran dans une vitrine du musée de l’Armée aux Invalides. Jean Plancard devait, A peu de chose près, porter ce style d’uniforme).
En 1798 et jusqu’à l’année suivante, il passe à l'Armée d’Angleterre qui était destinées, sous les ordres de Bonaparte, à envahir la Grande-Bretagne. Jean Plancard stationne donc au Havre avec sa formation mais l’invasion n’aura finalement jamais lieu. Les troupes ainsi constituées viendront aider à réduire la résistance chouanne en Vendée.
Enfin, en 1800, il passe avec la 4e Demi-Brigade aux armées de Hollande et du Rhin. C’est là que sa carrière militaire va trouver son terme. Et plus exactement le 13 floréal An VIII (le 3 mai 1800) à la bataille d’Engen en Souabe où il reçoit nous dit son dossier « un coup de feu à la jambe droite ». Des précisions sont données dans un court compte-rendu : « Un certificat d’un officier de santé de l’hôpital de Basle en date du 29 thermidor dernier (17 août 1800) joint à l’appui du présent atteste qu’il a reçu un coup de biscayen à la partie moyenne et postérieure de la jambe droite qui a traversé les jumeaux et soléaires (muscles situés derrière le genou) d’où résultent des cicatrices adhérentes qui l’empêchent d’exercer librement la progression (les hommes, à l’époque se déplaçaient à pied) et de continuer au service actif à l’armée ».
Un petit texte qui nous apprend que de Souabe, il a sans doute été soigné sur place d’abord puis a été transféré, non loin de là, dans un hôpital en Suisse à Bâle. On apprend que ses blessures sont invalidantes (une balle de biscayen est d’un calibre assez important) et qu’il a du en souffrir tout le reste de sa vie. Jean Plancard devait sérieusement boiter.
Le dossier « fait à Munich en Bavière » stipule aussi que Jean Plancard « est dans l’intention de se retirer à Carcassonne, département de l’Aude avec la pension à laquelle il a droit de prétendre ».
Suit le calcul de sa solde de retraite basé sur le temps passé aux armées qui est de 8 ans, 3 mois et 18 jours. Ces huit années étant toutes des années de campagnes, elles comptent donc pour deux soit 120 francs de retraite militaire. Années auxquelles il faut rajouter une pension pour sa blessure : 150 francs et 2,5 francs pour les 3 mois et 18 jours restants. Jean Plancard touchait donc 272,5 francs et non 172,5 comme écrit dans un précédent billet (erreur de lecture). Cette somme est confirmée par la lettre de sa fille Geneniève Plancard dans sa lettre au ministre de la Guerre : « Il a été retraité vers 1800, écrit-elle, avec une pension de 300 francs dont il jouit jusqu’à sa mort arrivée en 1825 ». La somme est donc rondelette et a permis d’assurer à sa famille une existence et un avenir meilleurs.
Si l’on résume son histoire, voilà donc, chose rare pour l’époque et pour un homme de sa condition, une personne qui a sillonné l’Europe et la France, du Languedoc à la Normandie, de l’Espagne à l’Allemagne en passant par la Hollande, la Suisse et l’Italie. Un vrai destin.
Le prochain billet sera consacré aux recherches sur la parisienne Thérèse Joséphine Pierrot, l’épouse de Gabriel Plancard (1812-1856).

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